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Brouckaillers

28 avril 2011

exploration 3

Il s'en est passé des choses depuis un an que nous avons fait nos premiers pas dans la cour de la biliothèque de Saint-Omer... la date au théâtre de l'aventure! en janvier où Jean Claude, Odile et Gérard ont accompagné Pierre et Charlotte... le passage de Pierre à Paris lors du cabaret de la NRV où il a fait résonner la voix de nos maraîchers... encore quelques dates prévues le 12 mai à Serques, le 14 à Clairmarais : in situ, puis la date du 3 juin pour laquelle le choeur des habitants de Saint-Omer doit se joindre à nous (3 enfants, 3 adultes), d'autres dates en juin : Saint-Omer... Nieurlet...

Et le projet d'édition du texte de Maraîchers aux éditions Nord-Avril...

Pour la troisième exploration des marais avec le choeur et les témoins, la transmission de la mémoire s'est faite de 12 à 92 ans comme on peut voir sur les photos... tous dans le même bateau...

IMG_1231 IMG_1232

Je n'aurais jamais imaginé faire du théâtre de cette façon-là. En gilet de sauvetage.

Autant prendre son bateau, son escute et pis traverser!

 

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19 septembre 2010

Témoins et transmission

Rappel : la première phase de travail nous a menés jusqu'à la création du 17 avril dans la cour de la bibliothèque de Saint Omer, inondée de soleil et peuplée de spectateurs de 6 mois (peut-être moins) à 92 ans (peut-être plus).

Là, nous avons rencontré quelques uns de nos témoins : Jean-Claude, Michel, Gérard, Odile, Fernand. Nous avons aussi rencontré Florence à qui nous devons le recueil de témoignages.

Et cette année-là y a eu une tempête avec l’inondation et

Les voisins d’où que c’est qu’j’habitais là-bas et pis

Nos parents y’avait un ptit théâtre à la commune de Nieurlet y zont dit bon pour changer

D’idées de voir toujours cette flotte-là on va aller au théâtre y fallait faire

Attention dans la nuit y fallait savoir d’où qu’elle était la rivière pour pas

S’monter sur un tas

Parce que c’était la mer tout partout

Pis en étant au théâtre on entendait le vent monter monter y faisait du vent faisait du vent

On a été obligés de dormir au village

Chez des gens qu’on connaissait on n’a pas su revenir

Parce que y faisait des vagues et en supplément

Dans la nuit faut bien savoir où que c’est qu’elle est la bordure et tout ce qui s’en suit

Avec un peu de recul, une évidence m'est apparue : il allait falloir une autre voix que celle de Pierre pour la version scénique de notre poème "collectiviste". Certains témoignages évoquaient l'enfance d'une petite fille racontée par une femme âgée. Les femmes de la collecte n'ont pas le même rapport à leur enfance que les hommes. Les femmes n'ont pas eu la même enfance que les hommes, pendant la guerre, avant la guerre. Florence me le faisait très justement remarquer : la place des petites filles au côté des parents, dans les marais, n'était pas la même que celle des petits garçons, destinés au travail ; la destinée des petites filles, dans les marais, avant la guerre, pendant la guerre, était moins irrémédiablement déterminée.

C’est la mort Marie Grouette moi j’ai toujours dit ça à mes enfants aussi parce que en somme Marie Grouette c’est la mort si on disait y’a Marie Grouette eh ben ils auraient pas approché d’l’eau on disait attention hein j’ai vu Marie Grouette ben ils allaient pas mais elle existe pas Marie Grouette elle existe pas c’est du vent

C’est du vent 

Pour le spectacle du 8 octobre, il fallait donc faire appel à une comédienne. Je voulais que Joan continue de danser dans la performance destinée à tourner dans les petites structures, dans les jardins, mais je voulais demander à une comédienne de se joindre à nous pour la forme scénique du spectacle.

Joan n'a pas désiré continuer. Je salue son travail qui constitue la base du spectacle que nous continuons de construire. Elle avait sa place parmi nous. Elle n'a pas désiré la garder, je comprends et respecte son choix. 

Je salue aussi le travail d'une des deux demoiselles du Parc : Eloïse, qui a quitté les Caps et marais d'Opale.

Qu’est-ce que faisaient vos parents ?

Ouvriers

Passeurs du bac Du Dambricourt dans le temps passé il y avait le bac Dambricourt que les fermiers passaient dans le marais par bac au canal de l’Aa

Là-bas

Et ma mère était engagée par Monsieur Dambricourt pour faire le passage des gens

Et moi je suis venu au monde

 

   

Tout l'enjeu de cette nouvelle phase de création était donc que Charlotte trouve sa place dans un système que nous avions déjà mis en place ensemble Pierre, Delphine, Joan, malgré son absence, et moi. Deux semaines n'étaient pas trop pour venir à bout de ce défi mais je crois que vers les derniers jours, nous sommes arrivés à ce que nous cherchions. Charlotte est là désormais, le poème collectiviste donne voix aux souvenirs des petites filles du marais. Maintenant les deux voix alternent d'abord, entrent en résonance, avant de finir par dialoguer.

En athlétisme, le témoin désigne un objet de transmission qui passe d'une main à l'autre. Pour nous, le témoin est sujet de transmission. Grâce à Delphine du Parc, nous aurons la chance d'avoir certains des témoins sur la scène pour jouer leur propre rôle. Leur prise de parole réelle intervient avant la reprise de Pierre dans son slam maraicher.   

A cela s'ajouteront plus tard, des chœurs d'habitants des quartiers du Haut-Pont et de Lyzel.

Prise de parole réelle des témoins sur scène, enregistrée, rediffusée, écrite, versifiée, slamée, dialoguée, reprise en chœur : le poème collectiviste deployé dans la diversité de ces modes d'énonciation.

Mais on espère qu’une chose malgré qu’on est assez âgés

Que la profession maraîchère va continuer d’exister

Et en supplément dans la nuit il faut bien savoir où elle est la bordure 

Oui mais elle existait pas

Moi je le sais de bonne part parce qu’une fois ma mère elle entendait remuer derrière là-bas

Elle croyait que c’était les oies

C’était mon frère qui était dans l’eau

Et il est arrivé trempé

Et puis il lui a dit tu sais maman

Marie-Grouette elle existe pas

J’ai tombé dans l’eau je l’ai pas vue

Donc elle existe pas

Y’avait un copain il lui a dit si té tombes dans l’eau té tapes du pied tu vas remonter

Ben il a tapé du pied

Il était dans l’eau on l’savait pas

Alors il a tapé du pied il est remonté

Il a dit y a pas de Marie-Grouette

Il l’a pas trouvée.

Retrouvons-nous donc le 8 octobre à 20 h, à Saint Omer.

8 avril 2010

sur les bordures

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8 avril 2010

sur les bordures

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8 avril 2010

sur les bordures

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8 avril 2010

sur les bordures

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8 avril 2010

sur les bordures

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8 avril 2010

exploration 2

Entre temps il y a eu l'exploration 2 où nous nous sommes enfin tous retrouvés, un dimanche pascal (pour un second pari tout aussi pascalien que le premier) : Delphine du Son, Joan de la Danse, moi qui ai pris ce pseudonyme ornithologique ironiquement pompeux de scénopoiétès et Pierre : l'acteur au pied levé, voilà la bande, la meute iconoclaste. C'est-à-dire un ensemble en mouvement. Enfin ensemble, en mouvement par bonheur. Mu par un étrange bonheur, c'est-à-dire. Il y a eu la rencontre de Rémy, le jeune faiseur de bateaux entre temps. Et le commencement des répétitions séparément avec Pierre, au pied levé, et Joan, au corps ailé, puis enfin ensemble. Cette performance fait aller ensemble un slam maraicher et une ritournelle sonore et gestuelle. La joyeuse clique a rencontré Fernand entre temps. Il lui a tapé dans l'oeil. Ses mots lui claquent encore dans l'oreille. De tout ça, nous tentons de nous faire l'humble écho sur un plateau.

Je ne sais pas comment qu’c’est maintenant

C’est peut-être changé

Et puis il y en a plus

A l’époque il y avait trois-cents maraîchers

C’était plaisir d’aller au marais

Qu’on voyait toujours quelqu’un sur des champs

Maintenant vous y allez dans le marais

Comme maintenant allez-y                               

Vous allez pas voir personne

Sébastien a suivi le mouvement de la petite meute sur les bordures, comme il se doit. Il a pris quelques photos.

Maintenant observons le silence jusqu'au 17 avril 2010. Date à laquelle nous créons le performance Lègres (Parcelles) à la Bibliothèque de Saint Omer. A 15 h 30 et 17 h. Avis aux amis qui ne gîtent pas trop loin de ces terres marécageuses. A tous ceux qui ont envie de nous suivre. De mettre un pied dans une escute. D'aller avec nous sur les bordures.

31 mars 2010

Marie Grouette

A défaut d’une chambre à soi, si loin de mon petit bout de territoire, là-bas sur les berges du Canal Saint Martin et jusqu’au boulevard de Port-Royal, compte tenu de l’impossibilité de trouver ici, une chambre à soi, à quoi j'ajouterais une connexion wifi, ce qu’il faudrait à l’instant, là ce qu’il me faudrait, c’est : disparaitre. Disparaitre quelque part mais quelque part est le cœur du problème. Parce que je ne vais quand même pas installer mon petit sanctuaire, mon bivouac de scribouillard, chez Mac Donald’s ? (Le seul endroit dans cette ville où j’aie accès gratuitement au divin débit. Merci l’oncle Sam ! Et finalement… Je ne suis pas si contre que ça, l’enfer capitaliste. Le seul endroit, non, d’ailleurs. Il y a aussi la maison familiale, la demeure, le foyer, ouvert aux quatre vents, ce temple de la re-territorialisation… Et fichtre, quel vent!) Alors j’implore Marie Grouette, qu’elle vienne me chercher, qu’elle m’entraine au fond de ce marais où je veux disparaitre. Tu connais Marie Grouette ?

C’est la mort Marie Grouette

Moi j’ai toujours dit ça à mes enfants aussi parce que en somme Marie Grouette c’est la mort

Si on disait y’a Marie Grouette

Eh ben ils auraient pas approché d’l’eau

On disait attention hein j’ai vu Marie Grouette

Ben ils allaient pas

Mais elle n’existe pas

Marie Grouette elle existe pas c’est du vent

Est-ce que c’est le vent qui a cassé le genou de Maxence comme une assiette en faïence ? Est-ce à Marie Grouette que nous la devons, cette absence ? Non, c’est à l’acharnement, au travail. Et c’est regrettable. Ainsi l’acteur au genou cassé a dû être remplacé par un autre acteur au pied levé. Appelons Pierre : l’acteur au pied levé. D’ailleurs remplacer n’est pas le mot. Non. C’est un nouveau projet qui commence. Demain. Bon pied bon œil. Au revoir Maxence et bonne route. Bienvenue Pierre. Dans notre petite bande. Dans la meute brouckaillère.

Marie-Grouette elle existe pas

J’ai tombé dans l’eau je l’ai pas vue

Donc elle existe pas

Moi je le sais de bonne part parce qu’une fois ma mère elle entendait remuer derrière là-bas elle croyait que c’était les oies

C’était mon frère qui était dans l’eau

Et il est arrivé trempé

Et puis il lui a dit tu sais maman

Marie-Grouette elle existe pas

J’ai tombé dans l’eau je l’ai pas vue

Donc elle existe pas

Y’avait un copain il lui a dit si tu tombes dans l’eau tu tapes du pied tu vas remonter

Ben il a tapé du pied

Il était dans l’eau on l’savait pas

Alors il a tapé du pied il est remonté

Il a dit y a pas de Marie-Grouette

Il l’a pas trouvée.

16 mars 2010

scéno-poièsis

sce_nopoiesis

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