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Brouckaillers
1 mars 2010

exploration 1

Arques. 25 février 2010.

8 h 50. Maison du Parc.

Le Parc naturel des Caps et Marais d'Opale. C'est le Commanditaire.

On fait bien des films de capes et d'épées, nous, c’est un spectacle de caps et marais.

Ou pour être plus précis : un spectacle maraicher, oui. Oui, oui : maraicher. « Brouckaillers », le titre du spectacle, ça veut dire « Maraichers » en Flamand.

Là, nous sommes à la frontière des Flandres et de l'Artois, sur le territoire audomarois.

Je suis de Saint Omer et l’auteur-metteur en scène de ce spectacle. Je suis de Saint Omer, je suis né à Saint Omer, je vis à Paris. En fait je suis plus de Paris que de Saint Omer, enfin je suis un petit peu des deux. Un peu entre les deux. Entre autres milieux.

J'ai composé le texte du spectacle à partir d'une collecte de témoignages sur la vie dans le marais audomarois. On déconne pas mal quand on rédige des dossiers à n'en plus finir à destination de partenaires potentiels et autres fantomatiques programmateurs, alors, par pur jeu de mot, et je te demande de m'en excuser par avance, j'ai utilisé le mot "collectiviste". On déconne pas mal, tu vois, je t’avais prévenu. Le problème, c'est qu'on commence par déconner, par jouer avec les mots et on finit par s'y attacher. Malgré ce que "collectiviste" a d'osé, de téméraire, d’anachronique, je m'y suis habitué à ce mot-là et je l’aime bien maintenant.

J'ai rencontré Sonia Chiambretto. Elle a parlé de Reznikoff et de l'objectivisme. Je me suis dit : c'est ça, c'est ce qu'il faut faire avec les témoignages des maraichers. Seulement, je n'aimais pas le mot "objectivisme" qui ne me paraissait pas juste. Je n'aime pas sa prétendue rigueur scientifique, sa froideur non plus. Et puis je ne trouve pas que je sois objectif. Objectif s’oppose à sujet et ce n’est pas le problème. La ligne de démarcation ne passe pas entre un sujet et un objet mais entre intime et collectif. Ce n'est pas parce que je m'efface comme auteur, ça ne suffit pas. Parce qu'après tout, toute l'histoire de la littérature, hein. Homère déjà. Homère, le Grec, pas Audomar, le moine parti évangéliser le désert marécageux de Sithiu. Le vieux conteur ne parle pas de sa propre voix, il se cache derrière ceux qu'il fait parler. C'est même ce que Platon n'aimera pas, cette façon dramatique. Mais a-t-on besoin d'aller si loin ? Non. Pas ici. Pas maintenant.

On a rendez-vous avec les Demoiselles du Parc. Donc soyons bref.

Je substitue « collectivisme » à « objectivisme ». Bon. Très bien. Un peu par jeu, je te l'accorde. Parce que je suis comme ça, joueur, ou j’aspire à le redevenir. Mais aussi parce que je trouve que ça sonne bien « collectiviste », « collectivisme ». J'ai l'impression qu'on peut s'entendre. Et à quelle fin utiliser un mot plutôt qu’un autre ? Le mot est lancé comme ça. Et petit à petit on peut lui trouver un sens. Et si ce n'est pas le cas, on en trouvera un autre, va!

Mais collectivisme pour en finir avant de rejoindre enfin les Demoiselles du Parc. Rapport à collecte. Rapport à appropriation des moyens de production par la collectivité. Rapport à la méthode : faire ressortir des témoignages non pas le discours de tel ou tel brouckailler mais un impersonnel collectif. Rien que cha! J'aime bien l'idée que le procédé qui consiste à faire ressortir ce qu'il y a de collectif dans les énoncés ait un rapport avec l'appropriation des moyens de productions par la collectivité. Dire ça, c'est bien beau, mais après, encore faut-il le faire! Je te l'accorde. On peut toujours essayer, non ?

Arques donc. Près de Saint Omer dans le Pas-de-Calais. Arques comme la cristallerie d’Arques oui. Maison du Parc. 8 h 55. Le rendez-vous. La Danseuse est arrivée. Joan. Joan d’Arques est arrivée, de Saint Omer.

Dans leur maison, les Demoiselles du Parc nous accueillent. Eloïse et Delphine.

Premier jour : visite du marais. Elles nous emmènent sur une barque électrique à travers lègres et bordures. Pas sur une escute ni sur un bacôve. Sur une barque toute d’acier et qui file à combien de nœuds, ça je ne sais pas, c'est dit en kilomètres-heures. Mais silencieuse. Et très lente et c'est bien de commencer comme ça. En douceur comme ça. Lenteur et silence.

6 km/h

Car la barque est bridée. Je suis embarqué comme dans le pari pascalien. Je suis dans une barque électrique avec trois Parques. On entre dans Hadès. On est dans Homère ? Non, je t’ai déjà dit : on est dans le marais de Saint Omer.

C’est Delphine qui mène la barque. Eloïse nous raconte le marais. J’entends des échos de ce qu’ils disaient, les Brouckaillers, pendant les longues heures du jour et de la nuit, où je retranscrivais leurs témoignages, les mains sur le clavier, le fil des écouteurs reliés à mes oreilles. Et je note : ça, c’est dans le texte. Et je note : ça aussi, c’est dans le texte.

Quelques jours avant, elles ont lu une première version, les Parques, les Demoiselles du Parc. Elles l’ont annoté. Elles l’ont trouvé « un peu trop passéiste », « hyper-pessimiste », « triste et pas forcément réaliste » ; elles l’ont trouvé polémique parfois et elles ont mis dans la marge le petit triangle avec le point d’exclamation. Elles ont noté des contre-sens. Des erreurs de retranscription. Et des fautes dans la toponymie.

Et puis aussi. Et puis aussi surtout. Une critique du Parc qui ne leur a pas plu. Une partie du marais est un espace naturel plein de petits oiseaux qui attire de nombreux touristes. Et une partie est encore cultivée aujourd’hui. Les maraichers n’apprécient pas toujours à sa juste valeur la qualité de la réserve. A leurs yeux, ce ne sont que des terres en friche. Ce qui ne leur plait pas, c’est moins la présence des touristes que l’idée de laisser des terres à l’abandon. Ils ont peur que la culture maraichère disparaisse. Que tout le marais se transforme en espace naturel. Et ils le disent. Quand on leur demande si le marais a de l’avenir :

Là je sais pas quoi vous répondre là

Ici y a les promenades en bateau

Mais

Quand les terrains vont plus être cultivés je sais pas si ça va core intéresser les gens à venir se promener dans le marais s’il y a beaucoup de terrains qui restent en friche

J’sais pas voir des arbres ou des roseaux ils vont s’en lasser

J’sais pas moi mon idée

C’est mon idée

Ah y a des oiseaux y a tout ça à voir ça se peut que ça plait quand même

Mais on espère qu’une chose malgré qu’on est assez âgés

Que la profession maraîchère va continuer d’exister

Parce que l’tourisme y vient pas pour voir des friches

L’tourisme y vient pour voir des gens du marais

Et l’travail du marais

Y viennent pour voir quelqu’un dans l’marais y viennent pas pour voir juste des roseaux et des ronces

Y viennent pour voir une vie dans l’marais

Eloïse rétablit la vérité. Et objectivement je me dis qu’elle a raison. Le Parc n’a pas du tout l’intention de réquisitionner les terres des maraichers pour en faire un espace naturel. Non. Je pense que la politique du Parc est de faire en sorte que les maraichers et les trois-cents espèces rares cohabitent. Les maraichers sont aussi une espèce en voie de disparition. Et qu’il faut défendre.

Objectivement, oui, Eloïse, tu as raison. Et même si les maraichers se trompent un peu de cible. Il y a quelque chose de plus intéressant, au-delà de cette attaque du Parc. Leur crainte est irrationnelle. Elle n’en est pas moins réelle cependant. Le discours de ces maraichers nous parle de quelque chose de bien plus profond et de bien plus juste. Il ne faut pas passer à côté, je crois. C’est une idée de leur métier. Et tu sais ça mieux que moi qui débarque de Paris. C’est une idée du sens de leur présence depuis des siècles dans les marais. Une idée du sens de leur existence. Et une idée de la terre. Pas seulement une idée. Un rapport sensible à la terre. C’est leur ritournelle de territorialisation. La terre doit être travaillée et entretenue, elle doit être cultivée, la terre. Dans la sainte horreur des roseaux, dans le mépris des trois-cents espèces d’oiseaux dont ils ont l’impression qu’ils vont prendre la place des trois-cents maraichers qui étaient là, jadis, du temps d’avant les guerres, comment ne pas entendre ce cri ? L’angoisse de disparaitre. Pas seulement l’angoisse de mourir. Marie Grouette, on n’y croit pas. Mais l’angoisse que soit enseveli ce qui faisait le sens de notre existence. Un pacte, un être-au-monde. Un monde. L’angoisse, tu sais, si on laisse faire la nature, ça redeviendra des marécages. La terre va s’effondrer.

Je ne sais pas comment qu’c’est maintenant

C’est peut-être changé

Et puis il y en a plus

A l’époque il y avait trois-cents maraîchers

C’était plaisir d’aller au marais

Qu’on voyait toujours quelqu’un sur des champs

Maintenant vous y allez dans le marais

Comme maintenant allez-y                               

Vous allez pas voir personne

A moi donc de me débrouiller pour ne pas donner l’impression d’attaquer le Parc. Ce n’est pas du tout mon idée de cracher dans la trip' soop. En même temps, il faudra quand même qu’on l’entende, le cri. Ne pas se tromper de cible. Mais il s’agit de rendre compte de la parole des maraichers. Pas de dire la vérité objective sur les marais. Les maraichers, ils ont dit : les gens ne viennent pas dans le marais pour voir des terres en friche. Plusieurs l’ont dit. Ce ne sont pas des friches, mais il faut comprendre ce qu’ils disent. Les maraichers, ils disent : il ne faut pas laisser la terre s’effondrer sous nos pieds. On va essayer de dire ça dans le spectacle. Joan, Delphine, Maxence et moi. Un texte, la mise en jeu de ce texte, des ritournelles sonores et gestuelles pour dire ça.

J’ai fait part d’une de mes craintes à Joan. Le texte est très répétitif. Ce sont des variations. Ca avance mais en toute discrétion. Elle a dit que la vie semblait comme ça aussi dans les marais. Paisible. Répétitive. La seule rupture est l’envol d’un couple de cygnes surpris par le passage de notre barque électrique. C’est très juste, ce qu’elle a dit. Ca résumait bien notre matinée. C’était une approche sensible du marais. Oui. C’est bien ce que j’attendais d’elle. Alors je n’ai plus trop peur. Il faut essayer d’être juste. C’est ça, notre souci : être juste. Pas facile. Oui mais on va quand même essayer.

L’après-midi, nous avons rencontré Sylvain. Le jeune maraicher, revenu de la grande distribution à la petite exploitation familiale. Par amour du marais. Il dit : dans la grande distribution, j’étais trop stressé. Sylvain fait de la vente directe. Il vend ses produits sur le marché. Son avantage, c’est la qualité des produits. Il est revenu à cette formule qui ressemble peut-être un peu à ce qu’on faisait avant les années 50. Avant le productivisme exacerbé. C’est un modèle possible pour d’autres jeunes maraichers. Une façon de s’en sortir. Une réponse à la question : comment peut-on encore être maraicher aujourd’hui ? Alors que j’avais surtout des réponses à : pourquoi il y a de moins en moins de maraichers ? Le Parc voulait que j’entende aussi ce discours-là. Ils avaient raison.

Sylvain fait des endives en terre. Le lendemain matin, à 8 h 30, je venais le voir les récolter au côté de sa mère. Je suis un Parisien indécrottable. Je vibre pour les grands boulevards, pour les flux et reflux d’autos sur le périph, je tremble pour les foules bigarrées qui parcourent la ville en tout sens, je frémis pour l’agitation permanente, et pourtant. Et pourtant le lendemain matin, j’étais là. Et je me disais : c’est une chance, je me pose des questions que je ne me serais pas posées sans ce projet. Je me pose les mêmes questions aussi : la territorialisation, la déterritorialisation, le partage du monde, et je trouve d’autres pistes pour y répondre.

26 février 2010. 9 h 10. Delphine arrive à la gare de Saint Omer. Delphine du Son, et non Delphine du Parc. Je l’emmène chez Sylvain. Elle demande si elle peut enregistrer les endives. La mère de Sylvain accepte. Delphine enregistre le cri des endives. On s’en servira peut-être dans le spectacle. Peut-être pas. On prend le temps. On enregistre. On se fait une réserve de matériaux. Exploration. Matière sensible. Matière sonore. Plus tard, Delphine dira : je ne savais pas où mettre les pieds. Dehors, Delphine me fait écouter le cri de l’endive avec un casque. On entend ce grincement caractéristique. Cette sensation que tu as dans la bouche aussi, quand tu manges une salade d’endives.

10 h. Joan et Delphine font connaissance. Je leur laisse un peu de temps mais pas trop. L’exploration à proprement parler va commencer, je suis impatient et je suis ému. Je donne les consignes. La première : observer le silence. Objectif : trouver des ritournelles de territorialisation. Des sons, des mouvements, des sensations du mileu qui constituent un territoire. Je donne l’exemple noté par Joan du cygne qui a interrompu le rythme paisible lors du passage de la barque, la veille. C’est une question de rythme, de rupture de rythme donc. On a le droit de s’isoler mais on doit rester ensemble. Chacun note comme il l’entend les observations qu’il fait. C’est une phase d’enregistrement. Chacun sa surface d’enregistrement. Pour moi, c’est un cahier. Delphine a un micro. On a le droit de changer de support. Delphine peut danser, Joan peut écrire dans mon cahier ou moi enregistrer des sons.

On monte tous les trois en voiture. On s’arrête dans les marais communaux. Nous n’allons pas dans la réserve naturelle mais dans la partie cultivée des marais. La veille, les filles du Parc nous ont montré où se trouvaient les parcelles de terrain cultivées : les casiers. Joan marche dans cette direction. Dans la direction opposée, sur une rivière, un homme approche dans une barque. Pas une escute, une barque toute simple en matière plastique. Je me dirige vers lui pour observer et mémoriser sa position. Les maraichers parlent d’une façon spécifique de ramer, ils disent : bateler.

Delphine s’est approchée de la berge avant moi. L’homme sur sa barque observe notre règle : le silence. Delphine lui a seulement dit un mot ou deux. L’homme manœuvre pour qu’elle enregistre le son. Les bruits d’eau autour de la barque. C’est comme une parade. Il fait ça pour elle sans qu’elle ait à lui demander et peut-être mieux que si elle lui avait parlé. Il nous donne ce que nous aurions demandé. Sans doute. Ce qu’il n’aurait pas donné de la même façon si nous lui avions demandé. Vertu du silence.

L’homme à la barque conseille à Delphine de passer de l’autre côté du chemin de fer. Delphine me fait signe qu’elle traverse. Joan s’est éloignée. Je dois l’attendre pour rejoindre Delphine. Je note dans mon cahier que je suis le chien de berger d’une petite troupe composée d’une danseuse et d’une preneuse de son. Je me voyais plutôt en renard. Ou en loup dans une meute. Mais bon. Joan finit par revenir vers nous. Je traverse le chemin de fer.

L’avant le chemin de fer se distingue nettement de l’après.

C’était un espace ouvert aux vents, les casiers. J’ai noté des sensations. J’avoue que je le faisais de façon trop volontaire. De l’autre côté, c’était une bordure. Un petit chemin entre les rivières qui permet de passer à pied d’une terre à une autre. Le mot bordure est un mot que j’affectionne par-dessus tout. Peut-être que tu as déjà remarqué. Joan expérimente toutes sortes d’acrobaties dans les branches, sur les grilles rouillées par-dessus les ponts, suspendues au dessus de l’eau. Je suis content pour elle. Je l’envie un peu. Je me dis que dans ce genre d’exercice elle a beaucoup plus de ressources que moi. Delphine aussi. Elle a son casque sur les oreilles, elle cherche des coins retirés pour enregistrer les sons. Toute à son affaire, elle ne se soucie pas de nous. Elles sont comme des enfants qui jouent. Oui. C’est ça, cette insouciance.

Joan fait casser les roseaux en se couchant dedans. Ils rendent un petit bruit sec. Ca me plait, ce bruit. Je la rejoins et joue à mon tour dans les roseaux. Jusque là, je jouais le jeu, bon, c’est moi qui en avais fixé les règles, je me tais, je tâte, je cherche la texture et les sons des matières. Mais il me fallait ce plus grand engagement du corps pour réussir à trouver quelque chose. Dans les roseaux donc.

Il y a un avant et un après les roseaux.

Plus tard, Delphine a trouvé un bac. Petite embarcation qui sert à passer d’une bordure à une lègre, ces parcelles isolées. Nous nous y retrouvons tous les trois tantôt écoutant, tantôt produisant des sons pour les deux autres. On passe là presque deux heures à jouer, à tester les sons que rendent chaque chose, la résistance d’une branche, l’équilibre et la perte d’équilibre, chacun pour soi, ensemble.

Un avant et un après le bac.

Je poursuis plus loin sur la bordure. Je me prends d’une véritable affection pour ces roseaux d’hiver. Il y a un brin de soleil et je me dis : c’est bien, je peux rentrer.

Le jeu dans les roseaux, les jeux dans le bac étaient des ritournelles. Mais c’est sur le chemin du retour, après avoir pris des notes sur la territorialisation du roseau, le jeu et la façon dont, par le jeu, on peut expérimenter des territorialisations, quand sur ce chemin du retour, je me rend compte que mes deux camarades de jeu ne sont plus où je les avais laissées, ce n’est qu’à ce moment-là qu’une ritournelle me vient (enfin ! c’est pas trop tôt !), je veux dire : une vraie chanson, de celles qui passent à la radio. Il fallait cette très légère contrariété pour déclencher cette ritournelle sortie d’on-ne-sait-où ; ça ne vient pas sur commande, ça vient au moment où on pensait à autre chose.

Joan note : Pour toucher terre, il faut se baisser ou avoir des pieds. Ou pas.

Delphine compare les marais à un labyrinthe.

Joan a vu que les oiseaux s’envolaient et redescendaient tous en même temps et puis s’envolaient à nouveau après un certain temps, elle a essayé d’appréhender leur rythme, elle note : Les oiseaux se cachent pour –

Delphine parle de l’hostilité de la nature. Elle dit qu’elle a bien senti que la nature peut reprendre ses droits, les terres s’effondrer.

Pour faire une ritournelle de territorialisation, il faut avoir ressenti l’hostilité du milieu. Trouver les gestes pour se faire un territoire dans ce milieu hostile. Voilà la leçon pratique de notre matinée. Pour Delphine, il me semble que le processus a mieux fonctionné que pour moi. Parce qu’elle avait un but : enregistrer des sons. Dans ce but, elle a dû se replier, s’isoler, se recroqueviller, chercher les bons coins, et trouver la bonne position. Et c’était ça, tout simplement sa ritournelle gestuelle. Moi, j’ai fait l’exercice à vide. Je cherche la ritournelle pour la ritournelle. Et elle ne vient pas sans un léger déséquilibre, une déstabilisation. Apparemment Joan trouve plus vite ce déséquilibre. Question de pratique. Moi, j’ai bien la ritournelle en tête mais maintenant je voudrais l’avoir aussi dans les pattes.

Jouer.

J’ai envie de compléter : les oiseaux se cachent pour – jouer.

Mais on ne sait pas.

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Commentaires
S
Je vais en rire. Ou bien en pleurer.
G
Et maintenant - que tu me laisses dans l'ignorance de ta ritournelle - que vais-je faire ?
Brouckaillers
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